Placoplatre a souhaité prolonger son exploitation en partie en aérien et de développer une exploitation souterraine sous l’ensemble de la butte de Cormeilles.
La présentation par Placoplatre (extrait du site Internet)
Ouverte en 1822 par Pierre Etienne Lambert, la carrière de Cormeilles-en-Parisis a fait la renommée du plâtre de Paris. Près de 200 ans plus tard, la carrière a toujours une incidence économique très importante : elle assure 10% de la production nationale de gypse et 15% de celle de l’Ile de France.
Compte tenu de la pureté exceptionnelle de son gypse, environ 60% du plâtre exporté par la France provient de Cormeilles-en-Parisis .
Sur le site de Cormeilles, le gypse est actuellement exploité à ciel ouvert. L’entreprise transforme chaque année 360 000 tonnes de plâtres et 1,5 millions de m² de carreaux de plâtre.
Val-d’Oise environnement est favorable à la continuité de l’exploitation de ce matériau noble sous certaines conditions.
Voici la déposition faite lors de l’enquête publique :
Sur l’exploitation
L’exploitation à ciel ouvert, qui permettrait une production plus importante de gypse, n’est plus possible compte tenu des contraintes de surface rencontrées dans le milieu urbain d’une part et le milieu forestier d’autre part.
Il ne serait pas logique de la prolonger tant les désagréments (visuels et environnementaux) et les impacts négatifs sont importants.
L’exploitation en souterrain, que nous approuvons, a toute sa logique dans la perspective de la fin du gisement accessible en ciel ouvert.
Le dossier présenté est assez complet et explicite.
L’étude de géomécanique montrant la stabilité de l’ouvrage souterrain a été réalisée par le laboratoire de Géosciences de l’Ecole des Mines Paris Tech qui est le laboratoire de référence reconnue en la matière. Elle est confirmée par une expertise indépendante.
La production en souterrain conduit cependant à une exploitation réduite du gisement, et une partie de la production est perdue. En effet l’exploitation en surface concerne trois masses de gypse, totalisant environ 22 mètres, alors que l’exploitation souterraine ne s’intéresse qu’à une masse, d’environ 15 m. En aérien, tout le volume est exploité, alors qu’en souterrain la méthode des piliers et galeries (piliers de 10 m de côté et galeries de 8 m ) donne un ratio volume exploité sur réserves totales d’environ 64 %. Il y a de plus une épaisseur laissée au sommet et à la base de la couche, 2 mètres et 1 mètre respectivement. On peut donc considérer qu’environ 50 % du gisement ne sont pas produits.
Sur la remise en état
Le remblaiement de la carrière après extraction semble bien mené, en lien avec l’Agence des espaces verts. Les reboisements compensatoires des espaces verts, avec la reconstitution d’habitats naturels et des zones de promenade rendues à la population ainsi que la reconstitution de la ligne de crête de la butte de Cormeilles sont de bonnes choses, en complément de la cession gratuite d’hectares à l’AEV.
La préservation de trois portions de fronts de taille témoins pour le patrimoine géologique est une bonne initiative, bien que le nombre soit assez faible et qu’un ou deux sites témoins supplémentaires devraient être préservés.
La remise en état par remblayage et revégétalisation nous paraît, en revanche, très étalée dans le temps, 20 à 30 ans, ce qui est assez long. L’impact de la circulation des camions pour ce faire est un paramètre important qui pénalise une reconquête plus rapide du site. Mais ce remblayage fera disparaître l’impact visuel de la carrière. Les matériaux de remblaiement de la carrière proviennent, d’une part, de terres de découverte et, d’autre part, de terres extérieures issues de chantiers de toute l’Ile-de-France (Grand Paris en partie). Nous nous demandons comment va être gérée et contrôlée la qualité des matériaux mis en place ? Quelle sera la qualité des terres extérieures de remblaiement ? Quelles ont été les conditions de stockage des terres de découverte ?
Circulation des camions
La question demeure de la circulation des camions (124 par jour soit 248 passages) pour ce remblaiement : quels sont les accès éventuels à créer, depuis l’A 15 ou autres. Une bretelle supplémentaire a été demandée par certains élus, mais cela ne fait pas partie du dossier d’enquête.
La voie d’eau aurait été intéressante, d’après les études qui ont été faites, mais elle est pénalisée par la nécessité d’avoir des camions pour les derniers kilomètres. Si la majorité des camions viennent du secteur d’Argenteuil, ce sont des routes urbaines. Par l’A15 et la réalisation d’une bretelle, il y a le risque d’ouvrir la voie à une traversée de la butte par les voitures dès saturation de l’A15.
Les impacts
L’étude d’impact est assez complète avec proposition de moyens de compensation pour les impacts négatifs
Sur l’impact environnemental
L’exploitation en souterrain a beaucoup d’avantages par rapport au ciel ouvert, et les impacts sont bien moindres. Elle ne consommera notamment plus d’espace naturel. Il est mentionné que du défrichement aura lieu pour les accès sur 2 hectares, mais que des mesures seront prises pour limiter les impacts sur les oiseaux et la période de nidification. Il est indiqué par ailleurs que des chênes et frênes de 60-80 ans sont impactés, ce qui est assez dommage. Même si ce secteur est présenté comme de faible intérêt écologique une solution alternative à ce défrichement aurait peut-être pu être envisagée.
Sur les édifices et la stabilité
Le périmètre de protection d’extension de la carrière chevauche celui du fort de Cormeilles. Le maître d’ouvrage indique qu’il prendra toutes les précautions, mais une surveillance de cet édifice n’est pas à exclure. La stabilité des terrains sus-jacents au gypse en exploitation souterraine ne semble pas être en cause, mais une faible subsidence n’est cependant pas à exclure dans la zone du fort de Cormeilles spécifiquement. Loin de l’effondrement, un tassement en surface est cependant possible. Il est estimé à 2 cm, l’étude estime des mouvements minimes de subsidence en surface qui se limiteront à des mouvements millimétriques. Des mesures de subsidence sur la zone du fort pendant la période d’exploitation pourraient être préconisées.
Concernant les habitations sur le site, il semble que l’on ne creuse pas à moins de 50 m, la localisation précise des zones à préserver (notamment habitations isolées) n’est pas indiquée clairement. Il est fait état de 20 mètres sur certains schémas.
Sur les nappes souterraines
La carrière à ciel ouvert a eu un impact non négligeable sur la nappe des sables de Fontainebleau (forte excavation qui a pu conduire à un abaissement piézométrique). Il est surprenant que la pose de piézomètres n’ait pas été faite pendant la période d’exploitation principale. Un risque non négligeable existe au remblaiement. La nappe pourrait être contaminée localement par une pollution accidentelle. Les matériaux qui seront mis en place n’ont pas la même perméabilité que la nappe : le volume sera reconstitué, mais dans des conditions hydrogéologiques différentes. La pollution de la nappe des sables de Beauchamp aux sulfates par infiltration d’eau de ruissellement n’est pas à exclure en l’absence de mesures préventives, impact faible à moyen puisque la nappe présente déjà des taux élevés en sulfates. En souterrain, la masse de gypse exploitée est hydrologiquement isolée des principaux aquifères.